Wonsan Kalma

Wonsan-Kalma. Ce nom évoque désormais bien plus qu’un simple point sur une carte de la péninsule coréenne. Il incarne le dernier projet grandiose du régime nord-coréen : un gigantesque complexe touristique en bord de mer, avec tout le nécessaire pour se prélasser sous les palmiers… à condition d’y être autorisé.

🔴 Ce qu'il faut retenir :
  • Le projet Wonsan-Kalma a été lancé en 2014 pour créer une destination touristique surveillée en Corée du Nord.
  • Le resort vise à attirer des visiteurs russes et chinois tout en restant inaccessible aux touristes occidentaux.
  • Il sert de vitrine pour le régime afin de redorer son image et convaincre la population de la prospérité nord-coréenne.

Résumé généré automatiquement

Alors que le monde s’ouvre aux destinations insolites, la Corée du Nord décide d’enfermer la sienne dans une vitrine. Ironie suprême : ce qui est probablement l’un des resorts les plus sécurisés, inaccessibles et politiquement controversés devient, sur le papier, la nouvelle destination tendance. Ou du moins, c’est ce que veut nous faire croire Kim Jong-un.

Wonsan Kalma
Une photo de l’Agence centrale de presse coréenne montrant une vue aérienne de la zone touristique côtière de Wonsan Kalma

Un projet né d’un rêve (ou d’un caprice)

Le projet Wonsan-Kalma n’est pas né hier. Il a été lancé en grande pompe en 2014, présenté comme le futur joyau de l’industrie touristique nord-coréenne. Kim Jong-un lui-même s’est rendu à plusieurs reprises sur les chantiers pour vérifier les progrès – ou plus souvent pour constater les retards.

Comparé avec amusement à Benidorm, la station balnéaire espagnole ultra-touristique, Wonsan-Kalma devait incarner une version « made in Pyongyang » du tourisme de masse. Une version bien sûr surveillée, encadrée, et filtrée… à la nord-coréenne.

Un Disneyland balnéaire XXL… sous contrôle

Le complexe s’étend sur près de 4 kilomètres de plage, avec plus de 150 bâtiments, dont des hôtels aux styles architecturaux variés (comprendre : du néo-soviétique au kitsch caribéen), un centre commercial, des restaurants, un aquarium, un parc aquatique, et même une piste d’atterrissage à deux pas.

Objectif affiché : accueillir jusqu’à 20 000 visiteurs. Objectif réel : offrir à l’élite nationale, aux touristes russes ou chinois triés sur le volet, l’illusion d’une escapade tropicale.

Toboggans, piscines avec vue sur la mer de l’Est, infrastructures sportives, lazy rivers et mobilier en plastique imitation bois exotique : tout y est. À un détail près…

Un club très, très privé

Car oui, aussi attrayante soit-elle sur le papier, la station balnéaire de Wonsan-Kalma n’est pas ouverte à tous. Encore moins aux voyageurs occidentaux. À l’heure où cet article est publié, les frontières nord-coréennes restent hermétiquement fermées aux touristes étrangers, sauf quelques Russes et Chinois dans le cadre de voyages très encadrés.

Ainsi, pendant que Kim Jong-un coupe les rubans et affiche de larges sourires en chemisette au bord des piscines flambant neuves, la plupart des potentiels visiteurs étrangers restent bloqués à des milliers de kilomètres. Ironie du branding : le resort se présente comme une vitrine du progrès… mais est réservé à une audience qui n’a pas Instagram.

Kim Jong un Wonsan Kalma
Kim Jong-un, sa fille Kim Ju Ae et sa femme Ri Sol Ju dans un parc aquatique à Wonsan Kalma

Pourquoi un tel projet ?

Si ce complexe peut paraître absurde dans un pays confronté à des sanctions internationales, une économie exsangue et un isolement géopolitique grandissant, il n’est pas sans logique… du point de vue du régime.

Objectifs principaux :

  • Stimuler l’économie locale par un tourisme intérieur (contrôlé).
  • Attirer des devises étrangères, notamment russes et chinoises.
  • Redorer le blason du régime par une vitrine de modernité.
  • Convaincre la population que la prospérité nord-coréenne est réelle… même si elle n’est accessible qu’à quelques privilégiés.

Mais tout ne s’est pas passé comme prévu

Ce projet pharaonique, annoncé en grande pompe, devait initialement ouvrir en 2019. Puis vint la pandémie de Covid-19, les restrictions frontalières accrues, les sanctions renforcées et… des retards de chantier en série.

À plusieurs reprises, les ouvriers furent rappelés, les travaux stoppés, puis relancés. En janvier 2025, le complexe a enfin été présenté à une poignée de journalistes étrangers triés sur le volet – probablement les seuls Occidentaux qui y mettront les pieds avant longtemps.

Problèmes rencontrés :

  • Difficultés d’approvisionnement en matériaux modernes.
  • Problèmes de finitions intérieures (eau, électricité, climatisation).
  • Absence de réelle politique touristique structurée.

Quand l’interdiction devient un argument marketing

Ce qui fait de Wonsan-Kalma une destination « tendance » n’est pas ce qu’elle offre… mais ce qu’elle interdit.

Dans un monde saturé de contenus de voyages, où l’exclusivité est la nouvelle norme, une plage inaccessible devient un Graal. Soudain, ce n’est plus Mykonos ou Tulum qui font rêver, mais un resort invisible derrière les barbelés diplomatiques.

Imaginez pouvoir poster sur Instagram : #WonsanKalmaBeachVibes. Et provoquer la jalousie de vos amis globe-trotteurs. Mais voilà, vous ne pouvez pas y aller. Et c’est peut-être ça, le plus grand coup de com’ du régime nord-coréen.

Voyager dans l’imaginaire nord-coréen

En attendant une hypothétique ouverture au monde, Wonsan-Kalma reste avant tout un outil de communication interne. Une façon pour Kim Jong-un de montrer à son peuple – et à ses alliés – que la Corée du Nord aussi a ses palaces, ses cocktails au bord de la piscine, ses couchers de soleil instagrammables.

Même si l’on sait que les mojitos sont sans alcool, et que chaque selfie est probablement passé au crible par un officier en costume.

Conclusion : la nouvelle destination dont on ne parlera jamais… ou presque

Wonsan-Kalma restera-t-elle l’ultime fantasme touristique ? Le summum du chic inatteignable ? Une station fantôme destinée à faire rêver… sans jamais accueillir ?

Peut-être. Mais une chose est sûre : en 2025, il n’y a pas plus sélect, fermé, et paradoxalement médiatisé qu’un complexe hôtelier nord-coréen sur la plage.

Alors à vos valises (ou vos rêves), chers aventuriers du voyage extrême. Et surtout, préparez-vous à ne jamais y aller.

FAQ

Peut-on visiter le resort Wonsan-Kalma ?

Non, sauf exceptions très rares pour des visiteurs russes ou chinois. Les frontières nord-coréennes restent fermées aux touristes occidentaux.

Quand Wonsan-Kalma ouvrira-t-il au grand public ?

Officiellement ouvert depuis janvier 2025, le resort n’est cependant accessible qu’à un public sélectionné.

Quel est le but du projet Wonsan-Kalma ?

Il s’agit d’un outil de propagande et d’un levier économique destiné à améliorer l’image du régime et à attirer des devises étrangères.

Combien de personnes peut accueillir le complexe ?

Jusqu’à 20 000 visiteurs selon les chiffres officiels nord-coréens.

Est-ce une destination touristique fiable ?

Actuellement, non. Elle reste symbolique et inaccessible pour la majorité des voyageurs internationaux.

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